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joie. L’Empereur imposa silence d’un seul geste, et, prenant la main du mandarin Yu, il s’avança sur le bord de l’estrade :

— Il faut aujourd’hui, dit-il, que chacun soit récompensé selon ses œuvres. L’Empereur punit les mauvais conseillers, mais il n’oublie pas les serviteurs fidèles. Mon grand âge et mes infirmités ne me permettent, plus de donner aux affaires toute l’application convenable. Yu, vous avez rendu de grands services à l’État ; vous avez préservé l’Empire de terribles inondations, et malgré l’éclat qui s’est attaché à votre nom vous avez toujours été modeste et vous ne vous êtes pas dispensé de travailler ; certes, ce n’est, pas une vertu médiocre. Aussi, ne connaissant personne qui soit comparable à vous, je vous associe à l’Empire. Je ne suis que le fils d’un pauvre laboureur ; le sage Yao ne m’a pas cru indigne de lui succéder ; vous avez autant de titres que moi au trône impérial. Yu, je ne veux pas que vous refusiez le poste auquel je vous appelle.

Le même jour, Yu fut proclamé dans la salle des Ancêtres, en présence du peuple et des hauts fonctionnaires. Il gouverna pendant quelques années au nom de Chun, et à la mort de son bienfaiteur il régna seul sur tout l’Empire. Son nom est encore vénéré des Chinois, qui le regardent comme l’un de leurs plus grands souverains.