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— Mais voilà assez de morale et de conseils, ajouta le grand-père ; faisons notre lecture habituelle. Aujourd’hui, Pé-yu, nous étudierons le sage Meng-tseu.

Meng-tseu, dont le mandarin Akouï et son petit-fils allaient lire les admirables écrits, est le plus grand philosophe de l’école de Confucius. Issu d’une famille noble, il fut élevé avec soin par sa mère, qui lui fit donner une excellente éducation. On raconte qu’elle changea deux fois de résidence pour éviter les mauvais exemples que le voisinage pouvait donner à son fils ; car les Chinois prétendent qu’un homme sage ne doit pas habiter près d’un mauvais endroit, à moins de se voir bientôt souillé par un impur contact. La première fois, elle se trouvait près de la boutique d’un bouclier ; l’enfant prenant plaisir à voir tuer les animaux, la mère craignit qu’il ne devint cruel, et elle alla loger non loin d’un cimetière. Mais le jeune Meng-tseu s’amusait, sans y voir mal, à imiter les pleurs et les gémissements de ceux qui venaient prier sur la tombe de leurs ancêtres ; la mère eut peur que son enfant ne s’habituât à tourner en ridicule les cérémonies religieuses, et elle acheta une maison devant une école publique. Ce voisinage fut favorable à l’enfant, qui demanda à suivre les classes, et qui y fit de rapides progrès. Il devint plus tard l’un des meilleurs philosophes de la secte de Confucius, et il eut lui-même des disciples. Son ouvrage, remarquable par l’élévation et l’indépendance des idées autant que par l’agrément du style, compose, avec les écrits de Confucius, les quatre livres classiques (sse-chou), qui doivent être appris en entier par ceux qui veulent arriver au grade de mandarin. Meng-tseu vivait à la même époque que Socrate et Aristote ; mais c’est plus de mille ans après sa mort qu’il commença à recevoir des honneurs dans le genre de ceux rendus à Confucius. On lui éleva un temple, et des sacrifices furent institués en l’honneur de sa mémoire.

Un empereur voulut s’opposer aux hommages que la recon-