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apparent, il s’élève parfois de violents dissentiments entre les indigènes et les barbares ; il y a un an, à propos d’une querelle de matelots ivres, la factorerie britannique de Canton a été pillée et détruite.

Il faut ajouter que Tao-Kouang est vieux ; l’impératrice, femme d’un esprit distingué et qui avait une grande influence, est morte en 1859, et l’héritier du trône est un tout jeune homme. Il est possible qu’à la mort de Tao-Kouang des troubles éclatent dans l’Empire, et que la race chinoise prenne les armes contre la race tartare-mantchoue ; ce serait le signal de la reprise des hostilités contre les Anglais[1]. En attendant, tout est calme. L’Empereur a voulu se concilier l’affection du peuple en faisant remise des impôts de l’année aux provinces qui ont le plus souffert de la guerre, et les dernières nouvelles reçues de la Chine n’annoncent aucun changement. Sir Pottinger s’occupait seulement à maintenir le traité de commerce ; il venait de publier une ordonnance qui déclare illégal tout commerce fait au nord du 32e degré de latitude septentrionale, sous peine, pour le maximum, de la confiscation du navire et d’une amende de 10 000 dollars (environ 55 000 fr.), imposée au capitaine ou à l’armateur.

Le gouvernement français s’est préoccupé avec raison des événements qui se sont passés dans le Céleste Empire. Au mois de décembre 1843, une mission, composée de diplomates et de délégués du commerce, est partie pour explorer les pays de l’extrême Orient. Le chef de cette expédition, plutôt commerciale que politique, est M. de Lagréné, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Roi des Français. On ignore encore les instructions

  1. Tao-Kouang ne doit pas lui-même ignorer le danger ; il a vécu au milieu des troubles et des conspirations. Lorsque l’empereur Kia-king, son père, fut attaqué dans son palais à Pékin par une troupe d’insurgés. Tao-Kouang se distingua par son courage et tua deux rebelles de sa main. Aussi en récompense de cette action, fut-il appelé au trône à l’exclusion de son frère aîné.