Page:Rider Haggard - Découverte des mines du roi Salomon.djvu/255

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peur. Nous ne nous serions pas reconnus si nous nous étions rencontrés dans cet état : couverts de sang et de poussière, les traits hagards, décomposés, l’empreinte de la mort encore gravée sur nos fronts, les yeux battus, les joues creuses, le teint hâve, les vêtements déchirés…

L’impression que chacun de nous produisait sur les deux autres ne laissait aucune illusion sur les ravages que ces heures affreuses avaient amenés en nous. Je dois cependant signaler que, dans toutes ces aventures, ces périls, ces chutes, le monocle de Good n’avait pas quitté sa place ; vous le croirez si vous voulez, moi je l’ai constaté.

« Allons ! ne nous immobilisons pas ici, dit sir Henry ; tout à l’heure nous ne pourrons plus bouger. »

La raideur gagnait déjà nos membres fatigués ; nous n’aurions pas pu marcher si nous avions attendu davantage.

Il nous fallut plus d’une heure pour grimper le talus du puits, en nous accrochant aux broussailles, aux racines, aux herbes.