Page:Rimbaud - Les Illuminations, 1886.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89



Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises, 

Je buvais à genoux dans quelque bruyère

Entourée de tendres bois de noisetiers,
Par un brouillard d’après-midi tiède et vert.

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert, 

Boire à ces gourdes vertes, loin de ma case

Claire, quelque liqueur d’or qui fait suer ?

Effet mauvais pour une enseigne d’auberge.

Puis l’orage changea le ciel jusqu’au soir : 

Ce furent des pays noirs, des perches,
Des colonnades sous la nuit bleue, des gares,