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Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/140

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provisoire du recel ; elle avait cédé soit à la promesse d’une participation aux profits ; soit au désir d’obliger des amis, défenseurs de la bonne cause ; soit à un sentiment plus tendre : « C’était, dit Desmarets, une assez belle personne, avec qui Gondé était lié. » Les choses traînant, le retard de la rançon prolongeant la détention, les soupçons des autorités circonscrivant de plus en plus les investigations aux abords de La Beaupinaie, la responsabilité encourue par elle et par son mari les inquiéta. Qu’on découvrit le Sénateur chez eux, ils seraient impliqués de complicité dans l’attentat ; les conséquences seraient terribles ; ne valait-il pas mieux prendre les devants, et, par une dénonciation dont la Justice leur tiendrait compte, s’assurer le bénéfice de circonstances atténuantes ? Peut-être même avait-elle agi d’accord avec les brigands, embarrassés et inquiets, eux aussi, depuis qu’ils voyaient l’intérêt pris à l’affaire par le Gouvernement[1].

Toujours est-il que, renseigné par elle, Carlos Sourdat s’aboucha avec Gondé, qui avait servi sous ses ordres[2]. Il revint ensuite à Paris, et, accompagné de Bourmont, alla conférer avec le Ministre : il avait vu « l’homme qui avait dirigé l’entreprise » ; cet homme s’était refusé à indiquer

  1. Une note du Grand Juge au Ministre de la Police – postérieure de trois ans aux événements – dit que Gondé, chef de l’enlèvement de Clément de Ris, « ne sachant plus que faire, et craignant le succès des démarches de la Police, vint offrir de le remettre, ce qui eut lieu en effet. On lui promit qu’il ne serait pas recherché pour cette affaire ». Archives nationales.
  2. Gondé était, en outre, connu de Guillot de La Poterie, auquel, en août 1799, il avait rendu visite à Château-du-Loir, et de Bernard Sourdat avec qui il s’était rencontré au Mans en janvier 1800. Archives nationales, F7 6229-6230.