Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/147

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ont fait leur devoir, écrivait-il. L’aide de camp Savary, qui veut bien se charger de vous remettre la présente, vous fera connaître de bouche les obstacles qui se sont opposés presque continuellement à ce que les militaires réussissent[1]. »

La polémique, après plusieurs jours, semblait sur le point de s’éteindre, quand, au début de brumaire, la découverte par le capitaine Folliau, du souterrain où le Sénateur avait été détenu, la ralluma. Le Directeur du Jury de Tours écrivit, à cette occasion, au Ministre de la Police : « Le lieutenant Gaultron avait visité la ferme du Portail sans la faire fouiller. Je m’en étonne, car, s’il l’eût fait, il eût pu facilement délivrer le prisonnier, resté avec un seul brigand du 2 au 19. Je m’en étonne même d’autant plus que le capitaine Folliau, lui, a facilement retrouvé les lieux. Je n’ose dire mes soupçons à ce sujet. »

Ces insinuations trouvèrent l’oreille de Fouché d’autant plus complaisante qu’il avait déjà, sur la réorganisation de la Police, les idées qu’il fit prévaloir sous l’Empire. Il voulait concentrer entre ses mains, directement et sans intermédiaires, tout ce qui concernait l’action policière, et placer sous la dépendance de la Police la Gendarmerie elle-même[2]. Les soupçons que Liébert avait émis sur Gondé[3] l’avaient confirmé dans ses préventions contre l’ingérence militaire : ils avaient eu le double tort de tomber juste et de tomber en un moment inopportun. Qu’on eût, suivant cette piste,

  1. Lettre au général Radet (Archives historiques de la Guerre. Armée de l’Ouest).
  2. Madelin, Fouché, tome I, chapitre 15.
  3. Voir page 96.