Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/170

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Arrivé à destination, il apprend qu’on l’accuse d’avoir dénoncé et chargé ses amis, et passe le temps de son séjour (six à sept mois) à se laver du soupçon, écrit lettre sur lettre, aux chefs du parti, à Mme de Mauduison la mère, aux Juges du Tribunal de Tours... Puis il rentra à Paris. Toutes les portes lui sont fermées, même celles des amis qu’il croyait s’être assurés dans les bureaux de la police. La condamnation de ses complices devant le Tribunal d’Angers achève de le convaincre qu’en France il n’y a plus pour lui que dangers et mécomptes. Il passe en Angleterre[1].

Il n’y fut pas plus heureux. En vain il protesta « n’avoir rien à se reprocher comme Royaliste, comme Français, et comme honnête homme », et pouvoir « se présenter de front au Roi, à son frère le Prince royal et à ses enfants, pour lesquels il faisait les vœux les plus ardents », les mêmes préventions l’accueillirent à un degré encore plus ardent. Les mains fuyaient ses mains ; les regards se détournaient de lui. Il voulut s’en expliquer avec Cadoudal et le provoqua : Cadoudal refusa de se battre[2].

Disqualifié, méprisé, honni de tous, Gondé songea à réparer, par un coup d’éclat, sa trahison envers son parti. Le 14 juin 1803, la nouvelle parvint à Paris qu’il avait été vu à Rotterdam. De quoi s’agissait-il ? D’une conspiration ? d’un attentat contre la vie du Premier Consul ? Le Ministre de la Justice envoya au Général Gouvion, Inspecteur

  1. Lettre de Gondé au Comte de Montmorency de Luxembourg, 14 juin 1803.
  2. Instructions du Ministre de la Justice, juin 1803.