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Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/194

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rechercherait les autres et les poursuivrait jusqu’à complète expiation. Finalement, il se retrancha derrière une disposition de la loi du 20 thermidor an IV, qui dispensait les membres des premières autorités de se rendre aux citations les appelant hors des communes où ils exerçaient leur emploi.

Voilà, semble-t-il, où il faut chercher les raisons d’un silence si âprement reproché, et non dans la crainte d’encourir la haine du Ministre « qui l’avait fait enlever de ses foyers[1] », ou dans une poussée d’amour-propre « l’empêchant de raconter la mystification dont il avait été à la fois l’objet, et inconsciemment l’un des meilleurs acteurs[2] ». Sa perplexité, son trouble d’esprit à cette date, sont attestés, à mots plus ou moins couverts, par plusieurs lettres de sa correspondance : « Dieu a permis que tu sois tourmenté, lui écrivait, le 4 ventôse, un de ses parents[3], mais il t’a prouvé combien il veille sur toi. Tâche de ne plus penser à tes peines, et ne t’affecte pas de ce qui peut arriver à ces malheureux. Ils méritent plus de mal qu’il ne leur en arrivera. Tu n’en es pas cause. C’est leur noirceur qui les met entre les mains de la Justice. »

Écho des sentiments de vengeance qui hantaient les cœurs depuis l’attentat contre la vie du Premier Consul, ces lignes expliquent la hâte

  1. Crétineau-Joly. Histoire de la Vendée militaire. Voir pages 8-16 ce qui a trait à cette hypothèse.
  2. Hypothèse de Carré de Busserolle. Elle explique le silence du sénateur après la clôture de l’affaire ; elle n’est pas exacte en ce qui concerne son abstention au cours de l’instruction et des débats.
  3. Le citoyen Montardier, ancien Représentant. Même note dans une lettre de Mme de La Roncière, tante du Sénateur (Correspondance privée).