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Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/225

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gine lorraine, né en 1774, engagé volontaire à dix-sept ans aux hussards de Chamboran, et promu officier au bout de peu de mois, avait pris part à la guerre de Vendée et reçu plusieurs blessures[1]. Il était, en 1800, capitaine-adjoint à l’État-Major de la 22e division, en résidence à Tours. Il dut à ses services contre les chouans d’être appelé à siéger, comme juge militaire, au Tribunal spécial de Maine-et-Loire, périlleux honneur, qu’il paya de sa radiation des cadres de l’armée.

Le rôle très effacé des autres membres du Tribunal n’appelle aucune mention particulière. Leur verdict allait déchaîner, parmi les royalistes, des colères et des haines dont, après plus d’un siècle, le ressentiment persiste. On juge de ce que put être, en l’époque, à la veille comme au lendemain du jugement, l’exaltation des esprits.

Les bruits les plus alarmants avaient été répandus. On parlait de chouans appelés de diverses régions pour enlever les prisonniers ; d’argent versé aux ardoisiers des faubourgs pour fomenter l’émeute, et, en cas de condamnation, empêcher ou retarder l’exécution. À la violence des menaces répondit l’énergie des mesures prises pour en arrêter l’effet. Le Général Girardon, commandant la subdivision, fut investi des pouvoirs les plus étendus. Ordre fut envoyé au Maire, par le Ministre de la Police, de transmettre au jour le jour au

  1. Cinq coups de sabre et un coup de feu. Toutefois, un rapport de ses chefs (on le trouvera tout au long, pages 219 et suivantes, dans la deuxième série des Vieilles maisons, vieux papiers de G. Lenôtre), rapport dont il ne faut accueillir certains dires qu’avec quelques réserves, allègue que, parmi ces blessures, les unes provenaient de faits de guerre, les autres d’accidents étrangers au service militaire.