Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/27

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autant, en l’époque, de beaucoup d’autres personnages. « Des conspirations alors escomptant la mort de Bonaparte, écrit Vandal, il y en eut cent, mais latentes, expectantes, un frémissement de conspirations. » Plus affirmatif encore, Madelin remarque le silence des Mémoires de Fouché sur cette conspiration, et ce silence, pour lui, est probant : « Le confident de Fouché, qui a fourni les matériaux de ces Mémoires, n’eût pas reculé, dit-il, devant une révélation de ce genre. Il raconte, sans s’émouvoir, bien d’autres trahisons, et surtout celles qui défendent Fouché de tout attachement réel à Napoléon. Ici, il lui attribue un loyalisme d’autant plus méritoire qu’en cette journée du 20 juin, il paraît avoir été sollicité par tous. Il aurait, au contraire, au milieu de la démoralisation générale, des intrigues de tous, relevé le courage abattu des deux Consuls, repoussé les requêtes des partisans de Carnot, affirmé qu’il y avait de l’exagération dans les nouvelles reçues et dit : Attendez ! surtout point de légèreté, d’imprudence, de propos envenimés, rien d’ostensible ni d’hostile. » Rouerie, dira-t-on ; Fouché prêchait la prudence pour écarter le soupçon ; il modérait les autres pour préparer un champ plus libre au succès de sa combinaison...

À qui fera-t-on croire que les imputations dirigées alors contre Fouché soient restées ignorées du Premier Consul ? Trop de gens étaient intéressés à les lui faire connaître. Il les a sues ; il a pu en examiner le bien-fondé, et il aurait maintenu Fouché au ministère de la Police ? Chose suspecte, ces bruits n’eurent cours qu’à la suite de l’attentat contre Clément de Ris ! Madelin le