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Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/45

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Contre toute attente et contre la sienne propre, il fut renvoyé indemne, mais revint averti. Aigrie, accrue par le ressentiment de son insuccès, la haine de ses ennemis tôt ou tard prendrait sa revanche. Il était prudent de s’y soustraire. Clément de Ris y travailla, mais dans l’ombre. Attentif à ne pas donner l’éveil, il garda momentanément ses fonctions : démissionner eût été avouer sa défaite, et à la faiblesse d’un vaincu confessant sa peur ajouter celle d’un homme désarmé. Ce qu’il fallait c’était trouver, loin de la Touraine, une situation officielle permettant d’échapper au péril avec les honneurs de la guerre.

Les bons offices de ses amis de Paris lui procurèrent ce qu’il cherchait. En avril 1794, il fut appelé, en qualité de commissaire-adjoint, à la Commission d’instruction publique établie par la Convention. C’était, après la tempête, le calme. Dans cette atmosphère pacifique et sereine, il se livrerait à son goût pour les choses de l’esprit, présiderait à l’organisation des fêtes nationales qui sont des fêtes de concorde, et trouverait – il le croyait du moins – l’oubli des agitations passées. Il ne tarda guère à déchanter. La susceptibilité des gens de lettres est aussi vive que la haine des hommes politiques, et elle est plus tenace, car elle procède de la vanité blessée. D’aigres démêlés avec ses deux collègues, Garat et Ginguené, le forcèrent à démissionner en février 1795. Déçu, écœuré, lassé, et cédant aux objurgations de Mme Clément de Ris, il se retira en sa terre de Beauvais-sur-Cher, résolu à vivre désormais loin