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Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/51

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de l’emprunt forcé. Inféodés au parti royaliste, ceux-ci avaient converti l’impôt en instrument d’oppression politique. Ils ménageaient à l’excès leur partisans et surchargeaient avec un égal excès leurs adversaires. Les patriotes, au nom de l’équité, de la légalité violée, s’élevaient contre ces agissements : il était urgent, si l’on voulait sauver la République, de chasser ces intrus de la place (l’élu qu’on nous a préféré n’est-il pas toujours un intrus ?), et de s’y établir, à charge d’autant ; ils en appelaient au gouvernement ! Le gouvernement destituait, au profit du parti adverse, les Administrateurs incriminés. La prochaine élection les ramenait au pouvoir ; la loi, derechef, était méconnue ; tout était à recommencer – et recommençait. L’histoire du département, de 1795 à 1799, est celle d’un perpétuel chassez-croisez, à la tête des affaires, entre les patriotes d’une part, et, de l’autre, la coalition des royalistes et des révolutionnaires.

Quelle fut, dans cette lutte, l’attitude de Clément de Ris ? Les patriotes comptaient sur lui pour prendre la direction du parti ; ils avaient foi dans ses lumières ; son civisme était connu ; on le savait attaché à l’institution républicaine, ennemi déclaré des royalistes autant que des exaltés de la faction jacobine. N’écrivait-il pas, au lendemain de la conspiration de Babeuf : « Les journaux chouans ne vont pas manquer de crier que les aristocrates sont bons et doux comme des colombes et que les terroristes seuls sont à craindre. Quant à nous, avec leur permission, nous continuerons à les craindre les uns et les autres... Puisse le Directoire avoir toujours une