Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/60

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heures. Dans le parc, un enfant jouait, Paulin, le plus jeune fils du Sénateur ; en un champ voisin, des journaliers ramassaient la récolte de pommes de terre ; aux abords et à l’intérieur de la maison, les domestiques vaquaient à leurs occupations ; dans une pièce du rez-de-chaussée, donnant sur la cour, portes et fenêtres grandes ouvertes, car l’air était tiède, Clément de Ris était assis près de sa femme alitée. Soudain, du dehors, un bruit de chevaux, de voiture, de voix, appela son attention ; presque aussitôt, dans le vestibule, un colloque bref entre la femme de chambre et un visiteur impatient[1] ; et brusquement, avant qu’il eût pu se rendre compte de rien, le froid d’un pistolet appuyé sur son front, et ces mots : « Citoyen, êtes-vous le Sénateur Clément de Ris ? » puis, sur sa réponse affirmative : « Je m’assure de votre personne ! »

Celui qui l’interpellait de la sorte était un homme d’une trentaine d’années, grand, vêtu d’un costume moitié civil, moitié militaire, bonnet à soufflet, petite veste, et armé d’une carabine, d’un sabre et de deux pistolets, l’un dans la main droite, l’autre passé dans la ceinture. Au même instant, un second individu entrait, coiffé d’un chapeau à trois cornes, habillé d’une pelisse à la hussarde avec boutons blancs, et armé comme le premier. Il avait le teint coloré ; de grands favoris roux lui descendaient jusqu’au-dessous des joues.

  1. La femme de chambre, Anne Tasse, quand le brigand envahit le vestibule où elle travaillait, s’enquit de quelle part il venait, de ce qu’il voulait. Il répondit que la chose ne la regardait pas et fit irruption dans la chambre sans permettre qu’on prévînt le Sénateur.