Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/97

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Le 9, vers midi, l’on vit arriver à Blois, presque en même temps, et par des points différents, les agents du Préfet de Tours, les citoyens porteurs des fonds, et Mme Clément de Ris accompagnée de son domestique, Métayer. Les premiers furent se loger, sous des noms d’emprunt et des professions supposées, aux auberges où les mandataires des brigands étaient présumés devoir descendre ; les citoyens Bacot et Bruley se firent conduire à l’Hôtel de la Boule d’Or et de la République ; Mme Clément de Ris, suivant l’indication donnée par la lettre de son mari, se rendit à l’auberge des Trois Marchands, située dans la rue qui, aujourd’hui encore, porte ce nom. C’était, c’est toujours[1], une rue étroite, sombre, comme écrasée sous de hautes maisons, dont la saillie des étages supérieurs ne laisse, entre elles et leurs vis-à-vis, descendre sur la chaussée qu’une clarté obscure. Fort courte, elle se prêtait à une surveillance facile, circonstance favorable à la police, mais non moins avantageuse aux brigands : l’eussent-ils choisie, si elle n’avait été propice à prévenir toute surprise.

Ces trois arrivées simultanées, portées à la connaissance du Préfet, l’amenèrent à conclure que l’affaire était pour le lendemain. Averti de la venue de Mme Clément de Ris et de ses amis, il ne l’était pas, on l’a vu, de celle des quatre agents. À certains propos tenus par eux, et qui lui furent rapportés, il s’imagina avoir affaire aux brigands, et, par zèle, par espoir de les surprendre avant l’ouverture des négociations, il prescrivit une visite

  1. Cette rue a subsisté telle qu’elle était, à une maison près, qui a fait récemment place à un marché couvert.