Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/99

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d’Indre-et-Loire par la police du Préfet de Loir-et-Cher[1].

La journée du 10 fut, pour Mme Clément de Ris, une longue, cruelle et stérile attente. Personne ne se présenta aux Trois Marchands qu’un paysan menant un âne. Il fit donner l’avoine à sa bête, causa avec l’hôte le temps qu’elle mangeait, et s’en alla comme il était venu. Nul ne songea à le questionner, à l’arrêter, à le suivre ; ou, si l’on y songea, nul ne l’osa ; l’aventure de la veille avait rendu circonspect. Cet homme était, on le sut bientôt, le délégué des brigands. Trois de ceux-ci l’attendaient en ville, et, sur son rapport, se hâtèrent de déguerpir.

À plus forte raison la journée du 11 n’amena pas le messager attendu : toute la ville était sur le qui-vive ; la surveillance avait redoublé. Un incident, survenu la veille, en était cause. Dans la matinée du 10, le Commissaire de Police, par ordre du Préfet, ou, plus vraisemblablement, à l’instigation de Boisard, avait mandé le domestique de Mme Clément de Ris. Il l’avait questionné et chargé d’examiner avec attention si, parmi les personnes rencontrées en ville ou se présentant aux Trois Marchands, il reconnaîtrait quelqu’un de ceux qui avaient coopéré à l’enlèvement. Vers le soir, le domestique était accouru chez le Commissaire. Il avait vu, sur une place, l’individu qui, le premier, avait envahi les appartements, et qui commandait aux autres. Il donna son signalement. Le Commissaire reconnut un nommé Lemesnager, originaire de Blois, chirurgien à Madon, commune de

  1. Archives historiques du Ministère de la Guerre. Armée de l’Ouest.