Page:Riotor - Le Mannequin, 1900.djvu/15

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Dans l’étude de l’heure présente, à lie regarder que la France seule, l’industrie parisienne uniquement, que d’ingénieux mannequins nous sont révélés : mannequins de confections, d’atelier, de musée ; mannequins de galeries de cire, d’enseignes, de théâtre, poupées phénoménales et innocents jouets d’enfants, cartonnages de cirque, figures anatomiques et combien d’autres représentants de notre vie active dont les vitrines des grandes villes s’emplissent confusément !

Une Histoire du Mannequin ! où avais-je la tête ! Mais ce serait un livre très falot, très plaisant, très funambulesque à écrire ; Edgar Poe, Théodore de Banville et Édouard Fournier n’auraient pas été de trop en collaboration pour y apporter originalité, caprice et érudition ! Je finis par penser que M. Léon Riotor faisait montre d’audace et de culot en abordant un tel sujet et qu’il serait impardonnable s’il ne l’effleurait pas avec grâce.

Et plus j’y réfléchissais, plus me venaient à la mémoire les souvenirs d’êtres articulés entrevus un peu partout, tant à Paris qu’au cours de nombreux voyages. D’abord les Mannequins du moyen âge, ceux qu’on voit en Allemagne et qui agissaient sur l’esprit superstitieux des foules ; figures du diable, mus par des mécanismes ingénieux, roulant des yeux terrifiants, lançant des gémissements d’une effroyable stridence et jetant le feu par la bouche, puis les Mannequins religieux d’Espagne, ceux des madones noires, si curieux, si barbaresques sous la splendeur des ornements brochés d’or et constellés de pierreries, et aussi les pastori d’Italie, ces fins, innombrables, délicieux pastori qui, sur les retables, entouraient la crèche dans une mise en scène extraordinaire aux approches de la Noël. Et les Santons provençaux qui ne sont que des pastori traditionnels et qu’on vend aux bonnes gens du populo à Marseille et ailleurs !