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chez nous

soleil et de la rosée, envahissaient les allées avec les herbes folles et s’ouvraient au petit bonheur. Tout cela était à l’abandon, sans maître, sans gardien. Mais nous passions, sans arrêter jamais, devant la maison condamnée : elle nous faisait peur.

Aussi, c’était, au bord du chemin, comme un tombeau. Des planches, grossièrement clouées en travers, barraient la porte et les fenêtres de la triste demeure. Jamais une fumée à sa cheminée de pierres ; jamais un rayon de soleil sur la planche de son seuil ; jamais une lumière à ses yeux clos. Aveugle et sourde, la maison abandonnée restait indifférente à la large diaprure des champs, comme au bruissement infini des prés ; froide et muette, rien ne pouvait la faire sortir de sa torpeur, et nulle voix humaine n’éveillait ses échos. Nulle voix humaine… mais, la nuit, n’avait-on pas entendu, dans le vent