Page:Rivaudeau - La doctrine d’Epictète stoïcien.djvu/102

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hommes. Mais si tu as opinion que ce qui est tien, l’est, et ce qui est à autrui n’est pas tien, comme il ne l’est pas, l’on ne te fera force ni defense, tu ne te plaindras d’ame, tu n’accuseras personne, tu ne feras rien envis, tu ne trouveras homme qui t’offense, ou qui te soit ennemy. Car tu ne saurois souffrir aucun outrage. Or te contentant de ces choses icy, sois adverti que non seulement il ne faut embrasser, d’une legere ou mediocre affection, celles là, mais il les faut en partie du tout laisser, et en partie les rejetter à un autre temps ; que si tu voulois aussi tout cecy quand et quand, commander, et estre riche, peut estre que cela mesme qui t’est propre, ne sera plus tien, pource que tu aspires tout ensemble à d’autres choses. En tous cas tu n’aquerras jamais par là les moyens d’estre heureus et libre. Pour resolution, en toute violente imagination qui te surprendra, aprens à considerer que c’est une fantazie, et que ce n’est pas ce qu’il te semble. Apres, il faut que tu l’examines et approuves sur les regles que tu viens d’entendre, et singulierement sur cette cy Si cette imagination est chose de nostre puissance, ou non. Si elle n’y est pas, ayes toujours en la bouche ce mot Cela ne me touche point.

Chapitre II.
Quelles choses il faut desirer, et quelles il faut fuir.

Souvienne toy, que ce que te promet ton affectionné désir est de parvenir à ce que tu souhaites, et ce que te promet ta fuite est de ne tomber point en ce .que tu fuis. Celui donc qui ne parvient à ce qu’il desire, est malheureus, et celuy qui rencontre ce qu’il fuit ne l’est pas moins. Or si tu fuis, seulement les choses qui pe sont pas de la