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son bien, pren garde qu’une fantazie ne te transporte pour juger qu’il soit miserable, veu que c’est pour les choses qui sont hors de luy, mais resouls toy promptement que ce n’est pas la fortune qui le tourmente, mais c’est l’opinion qu’il en a. Tu ne dois pourtant laisser de communiquer avec luy de parolle seulement, et si besoing est gemir avecques luy, mais garde toi bien de gemir en cueur.

Chapitre XV.
De verser fidèlement en sa vocation.

Te souvienne que tu es joueur d’une farce telle qu’il plaist au maistre, courte s’il veut, et longue s’il veut qu’elle soit telle. S’il veut que tu joues le role d’un mendiant, si celui d’un boiteus, d’un Prince, ou d’une personne privée, fai le dextrement. Car c’est à toy à bien jouer ton personnage, et c’est à un autre à distribuer les roles.

Chapitre XVI.
De mespriser la perte des choses externes.

Si un corbeau a sinistrement crié, ne te laisses transporter à l’imagination, mais pren resolution à part toy, et dis Ce cry ne me peut rien signifier, mais peust estre sert de mauvais presage à mon pauvre corps, ou à ma meigre reputation, ou à mes petits biens, ou à mes enfans, ou à ma femme. Car quand à moy, toutes choses me sont de bon augure, et quelque chose qui puisse survenir, il est en ma puissance d’en tirer proffit.