Page:Rivaudeau - La doctrine d’Epictète stoïcien.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 110 —


si n’avoir point d’honneur est mal, comme ce l’est, tu ne peus estre malheureus pour l’amour d’uq autre, non plus que deshoneste. Quoy ! est il en toy de jouir d’un Magistrat, ou d’estre convié aus banquets ? Rien moins. Est ce donc cela n’avoir point d’honneur ? Comment dis tu donc que tu ne seras rien prisé, et ne seras occupé en chose du monde, veu qu’il te faut estre seulement es choses quisont en toy, et esquelles tu peus estre plus dignement qu’ailleurs partout ? Mais quoy ? je ne serviray de rien à mes amys, dis tu. Que m’appelles tu ne servir de rien ? Ils n’auront point d’argent de toy. et tu ne les feras pas citoiens Romains. Qui est ce donc qui t’a dict que ces actions sont en nostre puissance, et qu’elles ne sont estrangeres ? Et qui est ce qui peut donner à autruy ce qu’il n’a pas ? Soies riche, disent ils, afin que nous en ressentions. Monstres moy le chemin comment je le peus estre gardant ma modestie, et ma foy, et ma magnanimité, et j’en seray bien content. Mais il est ainsi que vous trouvés bon que je perde les biens qui me sontpropres, pour me faire acquérir des biens qui ne sont vraiement biens, regardés que vous estes mal équitables et ingrats. Venés ça, aymés vous pas mieus un amy loyal et modeste que de l’argent ? Secourés moy donc en cela, et ne veillés point que je face les choses pour lesquelles je perdray ces vertus. Mais quoy ? disent ils, la patrie demourra sans secours au moins de ma part ? Quel secours me dites vous, est ce qu’elle n’aura point de porches ou d’estuves ? Car elle n’a pas des souliers des armuriers, ni des armes du cordonnier. Mais-il suffit si un chacun fait son mestier. Et que seroit ce si tu lui baillois quelque autre citoien fidele et modeste, ne seroit ce pas luy servir ? Il n’y a point