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fait pas au monde. Si quelcun donnoit ton corps à qui le demanderait, tu le porterais impatiemment, et n’as point de honte de donner ton ame au premier venu, de sorte qu’elle demeure troublée et confuse s’il t’injurie. Pour cela en quelque entreprise que tu faces considere ce qui va devant et ce qui suit. Puis commance hardiment. Si tu ne fais ainsi, tu te jetteras legerement en besoigne sans avoir pensé à la conséquence. Mais quand il se descouvrira quelque chose deshoneste et infame, tu mourras de honte.

Chapitre XXVI.
Les honneurs de ce monde coustent bien cher, et s’acquerent au prix de la liberté.

Veus tu avoir la victoire des combats olympiens ? En ma conscience aussi voudroy je bien. Car c’est une belle chose. Mais considère ce qui va devant, et ce qui suit, et cela fait commance ton œuvre. Il se faut bien composer, il faut user de viandes nécessaires, s’abstenir d’ouvrages de four, s’exercer, contraintement et à l’heure ordonnée, au chaud, et au froid, ne boire point d’eau froide, ni de vin, si besoin est. Et somme, s’abandonner au maistre, comme l’on feroit au médecin, et ainsi descendre en lice. Outre il faut endurer d’estre quelquefois blecé aus mains, de se desnouer un pied, avaler force poussiere, et telles fois d’estre bien fouaillé, et au bout avoir du pire, et rester vaincu. Tout cela bien examiné, si tu veus présente toy au combat. Si tu ne le fais, tu sembleras aus enfans, qui maintenant s’adonnent à la lutte, tantost à l’art gladiatoire, tantost à la trompette, ores à jouer des tragedies. Ainsi tu seras quelquefois athlète, quelquefois escrimeur, tantost