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Chapitre XXX.
Le sage n’a que faire des devins, et comment il en faut user.

Quand tu t’adroisses aus Astrologues, te souvienne que tu ignores l’avenir. Toutefois, si tu es philosophe, tu le pouvois savoir dés que tu es parti pour aller à eus. Car si c’est des choses qui sont hors de nous, il faut par nécessité qu’il ne soit ni bon ni mauvais. Va donc chés le devin, vide d’affection désireuse, et de crainte : autrement tu trembleras en t’approchant de luy. Mais si tu te resouls que tout ce qui adviendra est indifferent et qu’il ne te touche en rien, tu en pourras ainsi user commodément et sans empeschement quelconque. Va donques hardiement aus Dieus comme conseillers, mais aiant receu le conseil, aies souvenance quels conseillers tu as employé, et à qui s’adroissera la désobéissance que tu pourras faire. Or il faut s’adresser au devin, suivant l’avis de Socrate, pour les choses desquelles la considération se doit raporter à l’événement et quand on ne peut prévoir ce qui s’offre par aucun moien, ni par raison, ni par artifice. Parquoy quand il te faudra hazarder pour ton amy ou pour ta patrie, ne vas point au devin puisqu’il te faut hazarder. Car si le devin te dit que les entrailles des bestes sont de mauvais présage, il est tout clair que la mort t’est signifiée, ou l’estropiement d’une cuysse, ou. l’exil. Mais la raison te rassurera qu’il se faut mettre en danger pour son amy ou pour son païs. Sois donques adonné, plus qu’aus autres, au tresgrand devin Apollon, qui jetta hors du temple celuy qui n’avoit secouru son amy lors qu’il avoit esté tué.