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πρὸς τα ἐϰτός (pros ta ektos). Le traducteur l’a rendu, vulgare enim est quæ extrinsecus sunt calumniari, qui veut, dire c’est à faire au peuple à calumnier les choses externes. Cela n’est nullement tourné du grec, s’il n’y avoit ἰδιωτϰὸν γὰρ δίαϐάλλειν τὰ ἐϰτὸς (idiôtikon gar diaballein ta ektos). Ce seroit trop licentieusement et temerairement faire que de rechanger tout ainsi, veu que la sentence est entiere autrement. Cela ne me peut plaire. On diroit que διαδάλλειν (diadallein) signifiroit jamais rien que calumnier, mais je croi les Grammairiens si en sa première etymologie il ne vaut pas autant à dire que trajicere. Cela est tout clair.

Chapitre 43.

D’engendrer risée. Ciceron défend cela surtout à l’orateur, au moins de plaisanter, tellement qu’on ne rie pas du mot, mais de celuy qui le dit.

En propos vilains et deshonnestes. Cecy n’est il pas digne du Chrestien et conforme à la parolle, de l’Apostre au cinquiesme de l’epistre aus Ephes. où il défend que les parolles sales ni les plaisanteries ne soient en la bouche du fidele, mais les louanges du Seigneur. Les mots de l’Apostre et du Philosophe sont pareils, αἰσχρολογια, ἐυτραπελία (aischrologia, eutrapelia).

Un paien nous apprend l’honesteté qui ne se garde gueres bien entre les Chrestiens, lesquels employent leur bouche, non à louer Dieu, mais à une infinité de folies, et mesmement entre les femmes. Ô l’horreur et l’infamie de ce temps ! Je n’en di point d’avantage, mais il faut que les gens de bien imitans le Roy prophete David dient Seigneur, tu ouvriras mes levres, et ma bouche annoncera ta louange.