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apprend, en effet, à nous conduire dans la vie[1] quant à la grande ligne qu’il faut y suivre. Il reste alors à se préparer à l’action, afin qu’elle soit exempte de trouble, et pour Politien, l’on s’y prépare par la méditation[2]. Ce mot, à première vue, nous étonne ; il n’est point d’un stoïcien, mais n’oublions pas qu’il y avait eu une paraphrase chrétienne du Manuel, qui suivit de très près le Commentaire de Simplicius et que, par conséquent, Politien dut la connaître[3].

Or, en quoi consiste cette méditation ? Le titre même du chapitre nous l’indique : à considérer la nature des choses qui nous troublent, en un mot à redresser l’opinion. Il y a, en effet, trois classes d’hommes : ceux qui accusent les autres de leurs maux, ce sont les ignorants ; ceux qui s’accusent eux-mêmes, ce sont ceux qui commencent à s’instruire ; et enfin, ceux qui n’accusent ni les autres, ni eux-mêmes, ce sont ceux qui véritablement sont instruits[4]. Mais comme il se peut que des biens extérieurs nous soient accordés, il importe que nous sachions en user[5]. Ces préceptes posés, la nature nous a donné des forces pour les suivre. Le Manuel nous les énumère[6]. Nous apprendrons à demeurer impassibles en perdant des biens, lorsque nous saurons que nous ne faisons que les rendre[7].

  1. Chap. v. « Quomodo tractanda sunt quæ in Nobis sunt. »

    Chap. vi. « Quomodo tractanda, quæ in Nobis non sunt. »

  2. Chap. vii. « Quomodo præparari in actionibus oporteat, ut perturbatione vacemus, ac primo per meditationem. »
  3. Cf. mon ouvrage sur la Renaissance du stoïcisme au XVIe siècle (chap. ii, 2e partie).
  4. Chap. viii. « De perturbatione declinanda, per eorum naturæ considerationem, quæ nos perturbant. »

    Chap. ix. « Ratio superioris præcepti, triplicisque hominum gradus adsignatio. »

  5. Chap. x. « Quomodo tractanda, quæ de externis videntur eligenda. »

    Chap. xi. « Quæ nobis ex externis concedantur, quoque iis pacto sit utendum ; per similitudinem. »

    Chap. xii. « Quo pacto sine perturbatione, et noxia externis acquiescere possimus. »

  6. Chap. xiii. « Quod impossibilia non sunt, quæ præcipiuntur, quando vires animo adversus omnia insunt. »
  7. Chap. xiv. « Quales præbere nos oporteat, cum externa amittimus. »