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CHAPITRE IV.
LE STOÏCISME CHRÉTIEN DE NAOGEORGIUS.

La traduction de Naogeorgius n’eut point dans la suite, malgré sa réelle valeur, le succès auquel on aurait pu s’attendre. Pourquoi? Nous trouvons à cela deux raisons. Tout d’abord, elle paraissait en 1554, c’est-à-dire l’année même où l’humaniste Scheggius publiait, en même temps que les Entretiens, une nouvelle édition de la Version de Politien, puis elle disparaissait quelque peu, noyée dans des commentaires plus religieux que littéraires. Naogeorgius fait, en effet, œuvre d’apologiste plus que d’humaniste, il faut l’étudier à ce point de vue, car Rivaudeau le suivra dans cette voie lorsqu’il écrira ses Observations sur le Manuel d’Épictète.

Dès les premières lignes de sa préface, il pose le problème du Souverain Bien. Les stoïciens ont cru à l’identité des deux termes vertu et bonheur, ils ont reconnu avec raison (1) que la vie heureuse réside dans le calme d’une bonne conscience, dans la Vertu, mais ils ont eu tort de croire qu’il appartenait à l’homme, avec ses seules ressources, d’atteindre à la vraie félicité. Les efforts des stoïciens ont été vains, parce qu’ils ont manqué de la connaissance de la vraie religion (2).

Naogeorgius se plaît alors à développer cette idée qu’il est impossible pour nous, dans les conditions d’existence où nous sommes, de réaliser la tranquillité d’âme. Nous ne pouvons échapper à l’angoisse de la mort, à l’angoisse des peines et des récompenses qui nous attendent après cette vie. Ceux-là seuls qui ont foi dans le Christ peuvent éprouver le sentiment de sécurité et de confiance qui fait le calme de l’âme : Cicéron a beau

(1) Cf. Naogeorgius, op. cit. Praefatio « Virtus enim perfecra bonam parat, conservatque conscientiam., perducitque ad animi tranquillitatem qua nihil beatius homini obtingere potest. »

(2) Ibid. « Nihilque his videtur defuisse, nisi verœ religionis et peccati cognitio simul et remissio quibus ad veram solidamque prcesentis atque future vit» voluptatem, tranquillitatemque potuissent pervenire. »