Page:Rivaudeau - La doctrine d’Epictète stoïcien.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 56 —


Sa traduction aura quelque chose de plus que celle de ses prédécesseurs, il saura pénétrer avec finesse la pensée d’Épictète, en saisir les nuances, et pourtant, il exprimera cette concision parfois un peu rude sous une forme qui ne manque point d’élégance.


LA TRADUCTION LATINE DU “MANUEL”.

Dès le premier chapitre, le traducteur se signale par son souci de la forme, il veut varier le vocabulaire. Épictète avait répété tant de fois et avec tant de simplicité les mêmes formules ! Politien l’avait fidèlement interprété ; mais Naogeorgius, déjà, avait recherché la variété dans l’expression. Wolf ira plus loin encore. S’agit-il de la fameuse distinction entre les choses qui dépendent de nous et celles qui n’en dépendent pas. Ce sont tantôt pour les premières, chapitre Ier : « Res quædam in potestate nostra sunt », ou, chapitre II : « ea… quæ nobis parent », et pour les autres, chapitre Ier : « nostri arbitrii non sunt », et chapitre II : « in quæ autem ipsi jus nullum habemus. »

Veut-il parler de ce précepte fondamental du stoïcisme, qu’il faut garder sa volonté en conformité avec la nature dans un même chapitre, le chapitre IX, il traduira deux fois différemment cette expression « … meum institutum naturæ congruens conservabo », et « … et institutum meum naturæ consentaneum tueri volui » ; au chapitre XVIII, il la modifie encore « Scito, enim facile non esse, institutum, tuum in eo statu, qui sit naturæ consentaneus, conservare », dit-il.

Mais ce n’est point toujours par souci de la beauté et de l’élégance de la forme qu’il recherche ainsi la variété dans l’expression, c’est parce qu’il a saisi une nuance qu’il veut indiquer. Lorsqu’Épictète expose le programme du philosophe qui veut avancer dans la voie de la sagesse, il commence deux chapitres par : Εἰ προϰόψαι θέλεις. Wolf y saisit une nuance, car il voit avant la volonté, le désir et l’effort dont elle n’est que le couronnement aussi, traduit-il, au chapitre XVI : « si quid proficere studes », et au chapitre XVIII : « si quid proficere vis ». Par