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la traduction du Commentaire de Simplicius par Caninius[1]. « Or, je me plaisois tant en ma traduction, dit-il en sa préface, que je ne voulois recercher aucun aucteur qui m’y peust servir… et me desplaisoit que je ne voyoy l’original de la langue de Simplicius, mais mon pere… a bridé et resserré cette mienne presomption et m’a exhorté, et apres commandé de revoir ma version sur ce Commentaire » Aussi, quelle satisfaction lorsque le traducteur constate que ses corrections s’accordent avec celles de Caninius. Il se contente de cette rencontre et ne s’explique point comment un « si suffisant homme qu’estoit Politian s’en estre si fort éloigné ». Rivaudeau va se poser, en effet, comme le critique de Politien, et en ce sens, l’on peut dire qu’il inaugure dans la traduction, comme nous l’avons annoncé, une phase nouvelle ; il brise avec les habitudes reçues en France et combat Politien avec ses propres armes. Politien avait soi-disant porté remède à un texte incomplet, en recourant aux Commentaires de Simplicius ; ce sont ces Commentaires faits latins par Caninius qui donneront tort à Politien. Rivaudeau entreprendra cette critique dans le détail, par le menu, et nous en donnera l’explication complète, à la suite de sa traduction, dans ses Observations sur la doctrine d’Épictète.

Dès les premières lignes de ce Commentaire, Rivaudeau se pose comme critique de Politien et montre clairement qu’il n’entend plus suivre les sentiers battus, mais entreprendre à son compte une nouvelle traduction. Il reproche en effet à Politien d’avoir perverti « toute la disposition des chapitres en racourcissant les uns et allongeant les autres, et d’avoir mis sur chascun un titre presque aussi ample que le texte ». Or, cette liberté que le traducteur a prise ainsi vis-à-vis des bons auteurs, lui paraît déplorable et capable d’introduire « une horrible confusion aus meilleurs livres ». Rivaudeau montrait nettement ainsi ce qu’il entendait faire de la version de Politien : dégager le texte des amplifications non justifiées, le restituer au complet dans les passages mutilés, et puis réduire les titres des chapitres.

  1. Cf. plus haut, chap. II, p. 34.