Page:Rivière - Recueil de contes populaires de la Kabylie du Djurdjura, 1882.djvu/106

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jouer le domestique.» Elles lièrent leur mari à un poteau, et le domestique prit sa flûte; notre homme commença à danser, il donna de la tête contre un clou fixé au poteau et mourut. Le fils du mort dit au domestique: «Paie-moi la perte de mon père.» Ils allèrent devant la justice. Chemin faisant, ils rencontrèrent un laboureur qui leur demanda où ils allaient. « Devant la justice.» — « Pourriez-vous me dire pourquoi?» — «Cet homme a tué mon père,» répondit le fils du défunt. «Ce n’est pas moi qui l’ai tué, repartit le berger, j’ai joué de la flûte, il a dansé et il est mort.»— «C’est un mensonge, s’écria le laboureur, moi je ne danserai pas contre mon gré; prends ta flûte, nous verrons si je danserai.» Le berger prit sa flûte. Il commença à jouer et le laboureur se mit à danser si bien, que ses bœufs, abandonnés à eux-mêmes, roulèrent dans le ravin. «Paie-moi mes bœufs, «cria-t-il au berger. «Viens devant la justice,» répondit celui-ci. Ils se présentèrent devant le cadi qui les reçut au premier étage de sa. maison. On s’assit: et les deux plaignants exposèrent leurs griefs. Alors le cadi dit au domestique: «Prends ta flûte, et joue devant moi.