Page:Robert Arnauld d'Andilly - Stances Pour Jésus-Christ.djvu/26

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XXXIX.

Que la pourpre des Rois cède à cette écarlate
Que ces méchants, mon Dieu, te donnent pour manteau,
Car teinte dans ton sang, le rubis n'est si beau,
Bien que de mille feux à nos yeux il éclate.
Les épines aussi, par ce sang si vermeil,
Effacent la splendeur des rayons du Soleil
Quand les Juifs sur ton chef en font une couronne.
Et le faible roseau, lorsqu'il touche ta main
Devient un sceptre auguste, et semble qu'il ordonne
De l'heur et du malheur de tout le genre humain.

XL.

Mais toutes ces grandeurs aux Juifs sont inconnues :
Leur esprit est frappé d'un tel aveuglement,
Qu'ils veulent ajouter tourment dessus tourment
Pour en faire un monceau qui croisse jusqu'aux nues.
Regarde-les, Seigneur, à genoux devant toi,
Te nommer par mépris, leur Prophète, leur Roi ;
Te donner des soufflets, te cracher au visage.
Que ne périssent-ils par tes foudres vengeurs ?
Ils seraient déjà morts, mon Dieu, si ton courage
Ne cédait au désir de sauver les pécheurs.