Page:Robert Arnauld d'Andilly - Stances Pour Jésus-Christ.djvu/33

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LIII.

Le Ciel jusques alors n'aurait vu que des Anges :
Les hommes étant nés dedans l'iniquité
Ne pouvaient espérer cette félicité
Sans que Dieu fit pour eux des miracles étranges.
Mais nos yeux maintenant aperçoivent le jour
Où l'amour triomphant de la mort à son tour
Ouvre le Paradis à la race mortelle.
Donc de ce saint larron célébrons la grandeur ;
Car puisqu'il porte au Ciel cette heureuse nouvelle,
Peut-on trop estimer un tel ambassadeur ?

LIIII.

Mais je laisse JÉSUS au milieu de ses peines
En parlant du salut qu'il nous a procuré,
Et ne m'aperçois pas comme il est altéré
Par la perte de sang qui dessèche ses veines.
Quoi, Juifs, vous présentez du vinaigre et du fiel
À celui dont l'amour est un céleste miel
Qui remplit de douceur et nos corps et nos âmes ?
Ô que vous ignorez quelles sont ses douleurs :
La soif que cet amour excite par ses flammes
Ne se peut apaiser que par l'eau de nos pleurs.