Page:Robert Arnauld d'Andilly - Stances Pour Jésus-Christ.djvu/36

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LIX.

Disciple bien-aimé, si ta douleur amère
N'avait point assoupi la vigueur de tes sens,
Pourrais-tu supporter le plaisir que tu sens
De recevoir d'un Dieu sa mère pour ta mère ?
Jamais en même temps tant de biens et de maux
N'ont mêlé dans un cœur l'aise avec les travaux,
Que le tien maintenant par l'amour en éprouve.
Ô trois et quatre fois heureuse affliction
Dans laquelle JÉSUS son contentement trouve,
Et qu'il daigne honorer de cette adoption.

LX.

Divine adoption ! Quelle étrange fortune
Nous rend comme saint Jean, par un heur sans pareil,
Fils de celle qui prend pour manteau le Soleil,
Et qui voit sous ses pieds le globe de la Lune ?
Vierge que l'amour saint embrase de ses feux,
Tu ne peux ni ne dois être froide à nos vœux ;
Puisque sans les péchés dont nous sommes coupables,
Un Dieu n'eut par sa mort fait vivre les mortels,
Ni soumis à tes lois ses grandeurs adorables
Qui font en tant de lieux honorer tes autels.