Page:Robert Arnauld d'Andilly - Stances Pour Jésus-Christ.djvu/39

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LXV.

Seigneur, si les ruisseaux de ton amour extrême
Durant leur moindre cours ont charmé nos esprits ;
De quel ravissement ne serons-nous surpris
En voyant tout d'un coup ouvrir la source même ?
Ô lance qui perçant ce côté précieux
Donne sans y penser ce bonheur à nos yeux,
Devons-nous te nommer cruelle ou favorable ?
Le fer semble cruel quand pour tirer de l'or
La terre dans son flanc le trouve impitoyable ;
Mais s'il était plus doux nous serions sans trésor.

LXVI.

Cœur qui n'avez vécu que pour nous faire vivre,
Et n'êtes mort qu'afin que nous ne mourions pas :
J'irai dans mille feux chercher mille trépas
Plutôt que de manquer au devoir de vous suivre.
Cœur tout brûlant d'amour, servez-nous de flambeau
Pour conduire nos cœurs jusque dans le tombeau.
Et vous-même soyez ce tombeau plein de flammes :
Entre tous nos souhaits, le plus grand désormais
Sera qu'en vos ardeurs se consomment nos âmes,
Puisque mourant en vous nous vivrons à jamais.