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Jeanne. — Je ne leur dirai pas, s’ils ne m’entendent en confession.

L’Évêque. — Cela entendu, nous, évêque, interdisons à Jeanne de sortir des prisons à elle assignées, dans le château de Rouen, sans notre congé, sous peine d’être convaincue du crime d’hérésie.

Jeanne. — Je n’accepte point cette défense. Si je m’échappais, nul ne me pourrait reprendre pour avoir faussé ou violé ma foi, puisque je n’ai baillé ma foi à personne. De plus, j’ai à me plaindre d’être détenue avec chaînes et entraves de fer.

L’Évêque. — Ailleurs et par plusieurs fois, vous avez tenté de vous échapper des prisons. C’est à cette fin qu’on vous gardât plus sûrement et plus fidèlement que l’ordre a été donné de vous entraver de chaînes de fer.

Jeanne. — C’est vrai qu’ailleurs j’ai voulu, et je voudrais encore m’échapper, comme il est licite à quiconque est incarcéré ou prisonnier.


II


Le jeudi 22 février, dans la salle de parement.

L’Évêque. — Nous vous requérons et admonestons, sous les peines du droit, de faire le serment que vous avez prêté hier, et de jurer, simplement et absolument, de dire vérité sur tout ce qui vous sera demandé en la matière pour laquelle vous êtes ici déférée et diffamée.

Jeanne. — J’ai fait serment hier, et il doit suffire.

L’Évêque. — Nous vous requérons de jurer. Car nul, même prince, requis en matière de foi, ne peut refuser de prêter serment.

Jeanne. — Je l’ai fait hier, votre serment. Il vous doit bien suffire. Vous me chargez trop.

L’Évêque. — Jurez de dire vérité sur ce qui touche la foi.