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église. Alors j’avais fréquemment mes voix, avec celle dont j’ai déjà fait mention.

Jean Beaupère. — Par le conseil de qui avez-vous pris habit d’homme ?

Jeanne. — Passez outre.

Un assesseur. — Nous vous requérons de nous dire par le conseil de qui vous avez pris habit d’homme.

Jeanne. — Passez outre.

Jean Beaupère. — Qui vous l’a conseillé ?

Jeanne. — De cela je ne charge homme quelconque.

Jean Beaupère. — Que vous dit Robert de Baudricourt lors de votre départ ?

Jeanne. — Le dit Robert de Baudricourt fit jurer à ceux qui me conduisaient de me conduire bien et sûrement. Et Robert me dit, à moi, au moment que je le quittai : « Va, va, et advienne ce qu’il pourra advenir ! »

Jean Beaupère. — Que savez-vous du duc d’Orléans ?

Jeanne. — Je sais bien que Dieu chérit le duc d’Orléans. Et j’ai eu sur lui plus de révélations que sur homme vivant, excepté sur mon roi.

Jean Beaupère. — Pourquoi avez-vous quitté l’habit de femme ?

Jeanne. — Il fallait bien que je changeasse mon habit pour habit d’homme. Je crois que mon conseil m’a bien dit.

Jean Beaupère. — Comment êtes-vous arrivée près de celui que vous nommez votre roi ?

Jeanne. — J’allais jusqu’à mon Roi sans empêchement. Comme j’étais arrivée à Sainte-Catherine de Fierbois, alors j’envoyai d’abord à mon Roi. Puis j’allais à la ville de Château-Chinon où était mon Roi. J’y arrivai environ l’heure de midi, et me logeai en une hôtellerie. Après dîner, j’allai vers mon Roi qui était dans le château. Quand j’entrai dans la chambre du Roi, je le reconnus entre les autres par le conseil de ma voix qui me le révéla. Je lui dis que je voulais aller faire la guerre contre les Anglais.