Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/56

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Jean Beaupère. — La première fois, que vous dit saint-Michel ?

Jeanne. — Vous n’en aurez encore aujourd’hui réponse. Mes voix m’ont dit de vous répondre hardiment. J’ai bien dit à mon Roi une fois tout ce qui m’avait été révélé, car cela le concernait. Mais je n’ai point congé de vous révéler encore ce que saint Michel m’a dit. Je voudrais bien que vous qui m’interrogez vous eussiez copie de ce livre qui est à Poitiers, pourvu qu’il plaise à Dieu.

Jean Beaupère. — Les voix vous ont-elles dit de ne point dire vos révélations sans leur congé ?

Jeanne. — Encore ne vous en réponds point ; et sur ce dont j’aurai congé, je répondrai volontiers. Si les voix me l’ont interdit, je ne l’ai pas bien compris.

Jean Beaupère. — Quel signe donnez-vous que vous ayez cette révélation de par Dieu, et que ce soient saintes Catherine et Marguerite qui vous parlent ?

Jeanne. — Je vous l’ai assez dit que ce sont saintes Catherine et Marguerite ; et croyez-moi si vous voulez !

Jean Beaupère. — Vous est-il défendu de le dire ?

Jeanne. — Je n’ai pas encore bien compris si cela m’est défendu ou non.

Jean Beaupère. — Comment savez-vous faire la distinction que sur aucuns points vous répondrez et sur aucuns autres non ?

Jeanne. — Sur aucuns points j’ai demandé congé de répondre, et sur aucuns je l’ai. J’aimerais mieux être tirée à quatre chevaux qu’être venue en France sans congé de Dieu.

Jean Beaupère. — Dieu vous a-t-il prescrit de prendre habit d’homme ?

Jeanne. — L’habit, c’est peu, la moindre chose. Mais n’ai pris cet habit d’homme par le conseil d’homme au monde. Je n’ai pris cet habit et n’ai rien fait, fors par commandement de Dieu et de ses anges.

Jean Beaupère. — Vous semble-t-il que ce com-