Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donnèrent un fourreau, et ceux de Tours aussi, avec eux, firent faire deux fourreaux, un de velours vermeil et l’autre de drap d’or. Quant à moi j’en ai fait faire un autre de cuir bien fort. Lorsque je fus prise, je n’avais pas cette épée. Toutefois, je l’ai continuellement portée, depuis que je l’eus, jusqu’à mon départ de Saint-Denis, après l’assaut de Paris.

Jean Beaupère. — Quelle bénédiction fîtes-vous, ou fîtes-vous faire sur cette épée ?

Jeanne. — Jamais n’y fis ni fis faire bénédiction quelconque, ni ne l’aurais su faire. J’aimais bien cette épée, car on l’avait trouvée dans l’église de la bienheureuse Catherine, que j’aimais bien.

Jean Beaupère. — Avez-vous été en la ville de Coulanges-la-Vineuse ?

Jeanne. — Je ne sais.

Jean Beaupère. — Avez-vous posé aucunes fois votre épée sur l’autel, pour que, la posant ainsi, elle fût mieux fortunée ?

Jeanne. — Non, que je sache.

Jean Beaupère. — Oncques n’avez-vous fait oraison pour que votre épée fût mieux fortunée ?

Jeanne. — Il est bon à savoir que j’eusse voulu que mon harnois fût bien fortuné.

Jean Beaupère. — Aviez-vous votre épée quand vous fûtes prise ?

Jeanne. — Non, j’avais certaine épée qui avait été prise sur un Bourguignon.

Jean Beaupère. — Où resta cette épée, et en quelle ville ?

Jeanne. — J’offris une épée et des armes à Saint-Denis, mais ce n’était pas cette épée. J’avais cette épée à Lagny ; et depuis Lagny jusqu’à Compiègne j’ai porté l’épée du Bourguignon, qui était bonne épée de guerre, et bonne à donner de bonnes buffes et de bons torchons. Quant à dire où j’ai perdu l’autre, cela ne touche pas au procès, et je n’en répondrai pas pour l’instant. Mes frères ont mes biens, mes chevaux, mon épée, à ce que je crois, et autres choses valant plus de douze mille écus.

Jean Beaupère. — Quand vous êtes allée à