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confort de sainte Catherine, et fus guérie en moins de quinze jours. Et ne laissai point pour cela de chevaucher et de besogner.

Jean Beaupère. — Aviez-vous prescience que vous seriez blessée ?

Jeanne. — Je le savais bien, et l’avais dit à mon Roi, mais que, nonobstant, il ne laissât point de besogner. Cela m’avait été révélé par les voix des deux saintes, savoir de la bienheureuse Catherine et de la bienheureuse Marguerite. Je fus la première à poser l’échelle en haut, dans ladite bastille du Pont. Et comme je levais cette échelle, je fus blessée au cou par le vireton, comme je l’ai dit.

Jean Beaupère. — Pourquoi n’avez-vous point traité avec le capitaine de Jargeau ?

Jeanne. — Les seigneurs de mon parti répondirent aux Anglais qu’ils n’auraient pas le délai de quinze jours qu’ils demandaient, mais qu’ils s’en allassent, eux et leurs chevaux, sur l’heure. Pour moi, je dis qu’ils s’en iraient de Jargeau en cottes et en chemises, la vie sauve, s’ils le voulaient. Autrement, ils seraient pris d’assaut.

Jean Beaupère. — Eûtes-vous délibération avec votre conseil, à savoir avec vos voix, pour savoir si vous donneriez ce délai ou non ?

Jeanne. — Je ne m’en souviens pas.

L’Évêque. — Cela dit, l’interrogatoire est renvoyé à plus tard, et nous désignons jeudi prochain pour procéder aux interrogatoires et examens suivants.


V


Le jeudi 1er mars, dans la même salle.

L’Évêque. — Nous sommons et requérons Jeanne de faire et de prêter serment de dire vérité sur ce qu’on lui demandera, simplement et absolument.