Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/71

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vois pas bien souvent. Je ne sais pas s’il a des cheveux.

L’Évêque. — Avait-il une balance ?

Jeanne. — Je n’en sais rien. J’ai grand joie quand je le vois. Et m’est avis, quand je le vois, que je ne suis pas en péché mortel. Sainte Catherine et sainte Marguerite me font volontiers confesser à tour de rôle et de fois à autre. Si je suis en péché mortel, je ne le sais.

L’Évêque. — Quand vous vous confessez, croyez-vous être en péché mortel ?

Jeanne. — Je ne sais si j’y ai été, mais n’en crois pas avoir fait les œuvres. Et jà ne plaise à Dieu que j’y fusse oncques, et jà ne lui plaise que je fasse les œuvres ou que je les aie faites, par quoi mon âme soit chargée de péché mortel !

L’Évêque. — Quel signe avez-vous donné à votre Roi pour lui montrer que vous veniez par Dieu ?

Jeanne. — Je vous ai toujours dit que vous ne le tirerez pas de ma bouche. Allez lui demander !

L’Évêque. — Avez-vous juré de ne pas révéler ce qui vous serait demandé touchant le procès ?

Jeanne. — Je vous ai autrefois dit que je ne vous dirai pas ce qui touche et ce qui va à notre Roi. Et sur ce qui va à notre Roi, je ne parlerai pas.

L’Évêque. — Ne savez-vous point le signe que vous avez donné à votre Roi ?

Jeanne. — Vous ne le saurez pas de par moi.

L’Évêque. — Cela touche le procès.

Jeanne. — J’ai promis de le tenir bien secret, et ne vous en dirai rien. Je l’ai promis en tel lieu que je ne le vous puis dire sans me parjurer.

L’Évêque. — À qui l’avez-vous promis ? Jeanne. — À sainte Catherine et sainte Marguerite. Et ce fut montré au Roi. Je l’ai promis aux deux Saintes, sans qu’elles me requissent. Et je le fis à ma propre requête, car trop de gens me l’eussent demandé, si je ne l’eusse promis aux Saintes.

L’Évêque. — Quand vous avez montré le signe