Page:Robert de Paradès - Mémoires secrets.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vers ce temps-là dans l’auberge où la scène se passoit ; je fus un peu surpris de ce qu’on étoit encore levé. L’hôte, qui étoit un de mes amis, me prit à part, & en deux mots me mit au fait de la chose. Je me rendis sur le champ au port, où j’ordonnai à un bâtiment que j’y avois, de lever l’ancre, & de se tenir prêt à partir. Je fis en même temps venir la chaloupe à terre, je retournai ensuite à l’auberge, & je montai dans la chambre de cet Officier, que je trouvai dans de grandes angoisses. Je lui dis de s’envelopper dans ma capotte, & de me suivre ; ce qu’il fit sans balancer. Nous sortîmes sans que personne y prît garde, à cause de l’embarras que causoit à la porte, ma voiture, que j’y avois fait laisser exprès. Je le conduisis à bord de mon bâtiment qui étoit déjà à la voile. Le lendemain nous arrivâmes à Calais, où j’appris son nom & sa qualité. Il m’avoua qu’il me devoit la vie.

Je retournai deux jours après dans le même port ; on y étoit encore tout étonné de ce que cet Officier avoit trouvé moyen de s’échapper : j’avois cru devoir à mes risques & périls sauver un compatriote, dont le malheur m’étoit connu, & que je soupçonnai chargé de quelque commission de la part du Ministre.

J’ai, en différentes fois, fait embarquer, ou