Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/122

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— Vous avez, dit-il aux convives, assisté tous à notre repas de noces, vous avez vu le commencement de notre union, vous en voyez la fin, car vous venez de prendre part ici au mélancolique repas du divorce !

— Mon Dieu oui, dit Mme Gontran ; la situation était déjà tendue avant ce malencontreux dîner, l’événement de ce soir ne fait que précipiter les choses !…

— Il y avait décidément incompatibilité entre madame et moi…

— Entre monsieur et moi… fit madame.

— Autant en venir tout de suite au dénouement !…

INCOMPATIBILITÉ.
INCOMPATIBILITÉ.

— Permettez-moi, mon cher Gontran, dit Ponto, et vous aussi, madame et chère ex-cousine, de boire à votre bonheur… Voyez-vous, je vous approuve : quand on ne l’a pas trouvé tout de suite, il vaut mieux ne pas s’obstiner et reprendre les recherches…

— Certainement !

— Et bénissez l’accident de ce soir ; sans cette rupture du tuyau des potages, vous ne vous seriez peut-être pas aperçu de l’incompatibilité immédiatement… vous auriez balancé quelques années, et cela vous aurait été fort désavantageux au point de vue de votre établissement futur… Tout est pour le mieux ! vous êtes libres, vous êtes jeunes, vous ne resterez pas longtemps dans le célibat.

— Gontran ? fit Mme Gontran avec émotion.

— Valentine ?

— Sans rancune, mon ami !

— Sans rancune, Valentine !… Et j’espère que lorsque nous nous rencontrerons dans le monde, nous causerons en bons amis…

Le dénouement de cette scène conjugale avait stupéfié Hélène. Quand