Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/144

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des témoins, je disais encore à mon client : Mon ami, ne vous gênez pas pour moi, ne cherchez pas à diminuer ma tâche, ne bataillez pas pour des broutilles ; peu importe un chef d’accusation de plus ou de moins ; au contraire, plus votre affaire sera mauvaise, et plus je me sentirai enlevée, inspirée !

— Vous savez, mademoiselle Malicorne, que vous m’avez promis deux ou trois autographes de ce Jupille ! ce n’est pas pour moi, c’est pour des dames du monde qui me tourmentent… Il paraît qu’elles ont des autographes de toutes les célébrités ; Jupille leur manque…

L'ACCUSÉ JUPILLE DISTRIBUANT DES AUTOGRAPHES AUX FEMMES DU MONDE.
L'ACCUSÉ JUPILLE DISTRIBUANT DES AUTOGRAPHES AUX FEMMES DU MONDE.

— Je le trouve un peu surfait, moi, ce Jupille ; je ne comprends pas sa vogue, fit M11e Malicorne ; ainsi voilà six fois qu’il se fait photographier, ses portraits s’enlèvent aussitôt parus et il a déjà distribué cinq ou six douzaines d’exemplaires de chaque pose, avec des dédicaces ! et pourtant c’est un criminel bien vulgaire ! »

L’entrée de la cour et du jury interrompit les conversations.

« Affaire Jupille ! » glapit le greffier qui parlait du nez comme tous les greffiers.

Une porte s’ouvrit et l’accusé parut entre deux gendarmes. Il était réellement doué d’un physique peu sympathique, l’accusé Jupille ; on lisait le vice et le crime à première vue sur ses traits, malgré certaines allures