Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/226

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— La mise en accusation !  !  !… et vous êtes de la classe de gouvernement !… »

Hélène, déjà bien troublée, acheva de perdre la tête ; elle confondit tout à fait les deux classes, le gouvernement et l’opposition, la gauche et la droite, répondant à tort et à travers et bouleversant les professeurs par ses étranges idées sur les ordres du jour, les interpellations, les amendements et les propositions et contre-propositions.

Distribution des prix au Conservatoire politique.
Distribution des prix au Conservatoire politique.

Les membres du jury hochaient la tête et préparaient des boules noires. À ce moment Mme Ponto apparut dans le groupe de personnages de distinction assis derrière le jury. La séance des comités féminins avait trop duré, Mme Ponto ne pouvait plus rien pour Hélène.

« Mais, dit tout à coup un membre du jury en feuilletant une liasse de cahiers, n’est-ce pas mademoiselle, qui, dans le concours écrit, a osé mettre un discours de député en vers ? »

Hélène balbutia unie réponse.

« C’est inouï ! Il se peut, mademoiselle, dit le juré, que vous ayez des dispositions pour la littérature ; mais, pour la politique, vous en manquez complètement. Je ne vous conseille même pas, dans votre intérêt, de songer à vous présenter au baccalauréat ès politique, vous y recueilleriez, comme aux examens, d’aujourd’hui, une unanimité de boules noires ! »

Le juré grincheux se rassit en jetant sa boule noire dans l’urne. Hélène regagna son banc au bruit des ricanements des tribunes.

« Allons, fit M. Ponto quand il apprit le lamentable échec d’Hélène, encore trois mois de perdus !

— Décidément Hélène n’a pas la vocation politique, dit Mme Ponto ; mais il paraît qu’elle a du goût pour la littérature.

— En effet, ses compositions littéraires au collège n’étaient pas trop mal… qu’elle fasse de la littérature, alors ! »