Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/297

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Piquefol faisait l’appel de ses rédacteurs. Pas un ne manquait, heureusement, Il donna le signal du départ et recommanda au mécanicien de s’élever le plus possible au-dessus de la masse des ballons en déroute.

Quel retour lamentable après le joyeux départ du matin ! Des torrents de pluie claquaient sur la carcasse des ballons, ruisselaient sur les aéronefs et sur les malheureux passagers des plates-formes. Les robes et les manteaux se soulevaient sous les bourrasques et les chapeaux, enlevés, nageaient à travers les ondes de l’atmosphère. Les parapluies, en état d’insurrection complète, ne rendaient aucun service ; le vent les retournait ou les envoyait rejoindre les chapeaux.

Adieu les fraîches toilettes arborées pour la circonstance ! Les œuvres exquises des artistes couturiers se fripaient grotesquement sous les torrents de pluie qui les transformaient en oripeaux sortant de la lessive. Infortunées Parisiennes et surtout infortunés maris !

Les accidents continuaient. De temps en temps quelque levier de propulseur cassait sous les efforts faits pour tenir tête au vent, et le ballon, désormais incapable de se diriger, s’en allait aborder ses voisins et briser quelques cordages.

L’aéronef du journal, heureusement, se maintenait au-dessus de la foule et marchait sans peine contre le vent. Il fit la route en trente-huit minutes et les rédacteurs arrivèrent à l’hôtel de l’Époque complètement trempés, mais sans autres avaries qu’un certain nombre de coryzas.

PARACHUTE.
PARACHUTE.