Hélène courut chercher M. Ponto à son bureau et l’amena devant le téléphone pour entendre les épouvantables révélations promises par sa rivale.
« Que dites-vous de cela ? disait le téléphone quand ils entrèrent, n’avez-vous pas frémi ? Quelle duplicité !… Jules est un véritable monstre, ses infidélités constantes m’obligent à le surveiller… Il prétend vous adorer, parbleu, mais il en a adoré bien d’autres… il m’a entraînée à l’oubli de mes devoirs et maintenant il songe à me quitter… je ne le permettrai pas, mademoiselle !…
— Entendez-vous ! s’écria Hélène.
— C’est peut-être moins grave que cela paraît, fit M. Ponto avec l’indulgence masculine ordinaire ; quelques petites fredaines…
— Mais vous entendez que cette dame vient de raconter quelque chose d’épouvantable…
— Bah ! bah ! n’écoutez pas… d’ailleurs cette conversation me semble inconvenante !…
— … Jules ferait votre malheur, mademoiselle, continua le téléphone, c’est un monstre, tous les jours de cinq à six il vous parlait d’amour, eh bien, tous les jours de six à… plus tard, il m’en parlait, à moi !… Et si cela ne vous suffit pas pour rompre tout projet de mariage, si après ce que je viens de vous raconter… en rougissant… vous persistiez à me disputer Jules, sachez que je ne suis pas femme à m’incliner devant une rivale… je me défendrai ! à outrance ! par tous les moyens… Prenez garde !
— Je ne persiste pas ! s’écria Hélène en se préparant à répondre par le téléphone.
— Un instant ! s’écria M. Ponto très ennuyé, ne brusquons rien… »
Une sonnerie dans le grand salon interrompit M. Ponto.
« M. Jules Montgiscard et Cie », annonça le téléphonographe.
Au même instant des pas précipités s’entendirent, des portes battirent et une voix bien connue d’Hélène s’écria :
« Monsieur Ponto ! Mademoiselle Hélène !… »
M. Ponto ouvrit la porte, un homme se montra sur le seuil.
« Mademoiselle… monsieur… je tiens à vous dire… à vous faire connaître… je ne veux pas vous laisser supposer…
— Inutile, monsieur, dit Hélène.