Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/86

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européen. On ne fait pas seulement partie d’un public restreint, du public parisien ou bruxellois, on fait partie, tout en restant chez soi, du grand public international !

Après dîner, comme on ne sortait pas, M. Ponto s’étendit dans son fauteuil devant son téléphonoscope et se demanda ce qu’il allait se faire jouer.

« Oh, papa ! surtout pas de tragédie, ou nous nous en allons ! s’écria Barbe en allant s’asseoir à côté de lui.

— Choisis toi-même alors, dit M. Ponto ; tiens, voici le programme universel que la Compagnie adresse chaque jour à ses abonnés.

Effusions téléphonoscopiques.
Effusions téléphonoscopiques.

— Un peu de musique, proposa Hélène.

— C’est cela, dit M. Ponto, j’aime la musique ; elle m’endort mieux que la simple prose ou les vers.

— Que joue-t-on à Vienne ? demanda Barnabette.

— Voyons : grand Opéra de Vienne… les Niebelungen de, Wagner.

— Ah ! mon enfant, à Vienne, c’est commencé ! l’heure de Vienne avance de quarante-cinq minutes sur celle de Paris ; il est donc huit heures quarante-cinq, nous n’aurons pas le commencement.

— À Berlin, alors ?

— Non, c’est commencé aussi.

— Voyons, l’Opéra de New-York, en ce cas !

— Non, il est trop tôt, ce n’est pas commencé. New-York retarde, il nous faudrait attendre quelques heures.

— Restons à Paris, alors, dit Hélène ; que donne-t-on à l’Opéra de Paris ?

Faust, répondit Barbe.

— Va pour Faust ! dit M. Ponto, je ne l’ai encore entendu que douze ou quinze cents fois… une fois de plus ou de moins !…

— Ah ! dit Barbe consultant son programme, on a ajouté trois grands ballets nouveaux et une apothéose.

— Très bien ! très bien ! dit M. Ponto ; attention, mes enfants, je sonne. »