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Page:Robillard de Beaurepaire - Les Satires de Sonnet de Courval, 1864.djvu/48

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LES SATIRES

Faire ensemble avec eux quelque friponnerie,
Vous estriller l’un l’autre à bouchon d’écurie,
Le jour rouler les dez, et la nuit paillarder,
Des cartes plus souvent qu’un bréviaire porter[1].

Malgré l’exagération de certains détails, il est impossible de ne pas reconnaître dans ces vers le ton vrai de la satire. Le trait y est, il n’y manque guère que la mesure et la précision. Quant aux idées, elles méritent d’être prises en considération, et elles pourraient donner lieu à de curieux rapprochements. Pour ne pas quitter’a poésie, Ronsard aussi a traité à sa manière cette grave question des bénéfices ecclésiastiques ; et si sa phrase est moins vagabonde, elle n’est à coup sûr ni moins colorée ni moins incisive. Les vers auxquels nous faisons allusion se rencontrent dans le Discours sur les misères du temps, protestation en faveur de la foi catholique, lancée comme une réponse aux Tragiques du calviniste Agrippa d’Aubigné :

Il ne faut s’estonner, chrestiens, si la nacelle
Du bon pasteur saint Pierre en ce monde chancelle,
Puisque les ignorants, les enfants de quinze ans.
Je ne sais quels muguets, je ne sais quels plaisans,
Ont les biens de l’Eglise, et que les bénéfices
Se vendent par argent ainsi que les offices.
Mais que dirait saint Paul, s’il revenait ici,
De nos jeunes prelats qui n’ont point de souci
De leur pauvre troupeau dont ils prennent la laine
Et quelquefois le cuir ; qui tous vivent sans peine,

  1. Les Satyres du sieur de Courval, p. 43.