Page:Rocca de Vergalo - La Poëtique nouvelle, 1880.djvu/67

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et aucun d’eux n’a pu nous satisfaire, c’estadire, que personne n’en sait rien ! Voilà donc encore un précepte absurde. Qui a donné ce précepte ? Des idiots ! Et qui l’a pratiqué ? Allons, pas de lâcheté. Les Poètes timides, et un peu plus encore. Troie expira, joie indicible, prostituée aimable, génie ailé, je T avoue et je… ; où est la soidisant élision ? C’est révoltant, l’e muet final ne se prononçant jamais.

Jusqu’au milieu du XVIIe siècle et audelà, l’e muet précédé d’une ou. de plusieurs syllabes pouvait entrer dans le corps d’un vers ou se placer à l’hémistiche. Toutacoup l’élision surgit et donne lieu à des règles slupides et barbares qui arrêtent l’élan des Poètes e{ paralysent l’essor de la Poësie ivre d’espace et d’immensité. Ah, Boileau, ah, Malherbe ! on ne sait pas tout le mal qu’ils ont fait. Déclarons-le ici : ceux qui se sont soumis aux caprices de ces deux grands criminels sont aussi coupables qu’eux. Heureusement, c’est fini. Désormais, on pourra placer dans le corps d’un vers touts les mots terminés par un e muet, par un s ou par d’autres finales sans les faire suivre dans le premier cas d’un mot qui commence par une voyelle. D’ailleurs, l’é muet (exception bizarre !) n’a point compté dans les terminaisons en aient, ni dans les auxiliaires aient, soient. Jamais il n’a été permis de placer certaines formes de verbes telles que voient, croient, proscrient, dans le corps du vers. Heureusement, de nos jours, d’excellents Poètes contemporains ont employé les équivalents oublient, fuient, sourient, ailleurs qu’à la fin du vers, de même que les substantifs composés remueménage, priedieu, etc.