Page:Rod - À propos de l’Assommoir, 1879.djvu/51

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rel à l’ivrognerie, qu’il a hérité de son père, mais par de mauvais camarades qui le corrompent, par une série de petites circonstances qui agissent sur lui ; enfin, quand il est déjà tombé assez bas, Lantier achève de le traîner dans la boue. L’influence des faits, la tyrannie des choses est montrée par l’auteur avec un soin particulier ; il ne se contente pas de dessiner l’âme de son héros : il recherche et montre les parcelles empoisonnées que ce malheureux a respirées dans l’air, les poisons qu’il s’est laissé verser, les meurtrissures des obstacles qu’il a rencontrés, dont il n’a pas su faire disparaître la trace.

Gervaise, nature molle, indifférente, cherche en vain une planche de salut : son mari l’entraîne en tombant, elle veut d’abord le retenir, puis, quand elle ne peut plus, elle se laisse choir avec lui ; elle souffre tant de l’abrutissement de cet homme, qu’elle finit par l’envier : il ne sent rien lui, il est ivre ! Il n’a pas faim : il boit ! — Et tous deux arrivent ensemble à croupir dans la fange, à végéter dans le vice sans en sentir la puanteur