Page:Rod - À propos de l’Assommoir, 1879.djvu/80

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à rentrer chez eux, désolés, les pieds mouillés.

Les privilégiés qui avaient pu pénétrer dans le sanctuaire avaient, pour se distraire pendant les longs entr’actes, un coup d’œil superbe : la salle était absolument pleine, et des toilettes élégantes s’étalaient jusqu’aux secondes galeries. Toutes les célébrités du monde parisien étaient réunies : dans une avant-scène, Mlle Sarah Bernard, qui a si fort applaudi, à ce que raconte la légende, qu’elle a cassé sa chaise. Aux fauteuils ou au balcon, Mmes Pierson, (qui s’est trouvé mal pendant la scène du délirium), Massin, Léonide Leblanc, Schneider, Alice Régnault, Fargueil, et bien d’autres : des toilettes et des visages rivalisant de grâce et de fraîcheur. Les critiques sont tous présents ; ils ont l’air graves comme des gens qui s’apprêtent à tailler une plume en lame de poignard ; les directeurs des divers théâtres attendent le succès ou l’échec, pour savoir sur quel ton ils monteront dorénavant leur répertoire ; parmi les figures connues, on remarque MM. Daudet, Halévy, Lafontaine, Antonin Proust.